Questionnement de profs de langues sur la Classe Accompagnée

  • Quelle exposition de la classe à la langue modélisante de l'enseignant?
  • Manque possible d'interaction sauf si l'on propose des tâches d'EOI (jeu de type "Qui est-ce", ou enregistrement sonore à rendre)
  • Faut-il alterner avec une autre démarche pédagogique ou habituer les élèves à la classe inversée?
  • Quelle est la durée idéale de la séquence pour ne pas lasser les élèves?

Ce sont de bonnes questions et j'ai peut-être quelques débuts de réponses.

Quelle exposition de la classe à la langue modélisante de l'enseignant?

Depuis notre rencontre en novembre j'ai eu l'occasion d'échanger à ce sujet avec des collègues qui pratiquent la classe accompagnée et qui ont eu un retour des parents lors des rencontres. Certains élèves ont dit apprécier la méthode parce "maintenant vous ne parlez que anglais". La remarque nous a surpris. Après réflexion et observation, nous confondions peut-être ressenti prof et vécu élève. Quand on parle à une classe complète et en s'en tenant à la langue cible, le niveau de langue qu'on emploi est un niveau médian. On ne veut pas "perdre" les élèves les plus en difficultés en parlant de manière trop soutenue, mais on ne stimule pas non plus les élèves les plus avancés. Si on limite la prise de parole devant le groupe au strict minimum, quitte à ce que ce soit en français pour des raisons d'efficacité d'organisation, on se laisse d'avantage de temps pour une prise de parole plus ciblée. En parlant aux élèves par petits groupes, on peut alors ajuster le niveau de langue à leur besoin et ainsi se placer dans leur zone proximale de développement propice à un apprentissage efficace.

Si on ajoute à cela des activités d'écoutes (compréhensions orales habituelles, mais aussi des consignes préenregistrées) on peut exposer les élèves à de l'oral modélisant assez conséquent.

Une idée pour un collectif d'enseignants pourrait aussi être de créer des enregistrements pour le groupe. Il est devenu très facile de s'enregistrer. On peut écrire soit même un petit texte ou donner des indications et l'envoyer à un collègue.

Concernant les activités d'interactions orales

Il est possible d'ajouter des activités d’interactions. Une que j'utilise beaucoup est celle de la Question Box. Une boite à question à disponible avec dedans des "conversation starters" en lien avec la séquence. Les élèves doivent poser des questions de la boite à un certain nombre d'autres élèves et l'enseignant (!) et se faire poser des questions de la boite. Il n'est pas nécessaire que l'enseignant vérifie et corrige toute production orale qui a lieu dans la classe, on ne ferait que diminuer leur nombre et donner l'impression aux élèves qu'on a le droit de parler une langue que si on la pratique sans faute. L'objectif est aussi de décomplexer les élèves vis à vis de la production orale.

Et rien n'empêche si on l'estime nécessaire, de commencer une séance par une activité en classe complète pour travailler cette compétence langagière spécifique. D'ailleurs, transition :

Démarches alternées

Un point essentiel selon moi est que la classe inversée n'est qu'une des modalités à l'oeuvre dans une séquence. Aucune de mes séquences n'est entièrement en classe inversée. De même, aucune n'en est réellement dépourvue. Le magistral, le travail de groupes, les activités en classe complète de toutes sortes ont toutes leur place pendant une séquence en classe inversée. C'est le principe de la Classe Accompagnée. On emploi la modalité la plus efficace au moment le plus opportun. Tout ce que nous savons faire de bien de puis longtemps en tant que prof de langue est à exploiter. 

Un intérêt majeur du parcours en individuel est la possibilité d'une gestion plus flexible et plus efficace du temps et du matériel.

Traditionnellement, on peut avoir prévu deux activités pour une séance, une de 30mn et une de 20mn. Si la première déborde, la seconde est compromise. De même, si on a du matériel informatique en nombre insuffisant ou subitement défectueux, la séance est aussi compromise. En Classe Accompagnée, la réponse est toujours de passer en mode parcours individuel.

Sur le parcours en individuel je ne mets que les activités sur lesquels les élèves ont la main. Toutes celles qu'ils peuvent choisir. Rien ne m'empêche de prévoir d'autres activités que je lancerais en début d'heure pour le temps nécessaire à l'activité, ou alors à la fin de la séance (ça peut être plus pertinent à certains créneaux horaires en fonction de l'activité).

Ce peut être une écoute, une description d'image, un jeu de rôle... Au bout de 5 à 30mn, selon les besoins, on retourne en mode individuel. Cette manière de faire permet de dynamiser un cours mais aussi de travailler certaines compétences qui manqueraient au parcours en individuel ou qu'on souhaiteraient approfondir. Elle permet aussi de moins subir la pression du temps et de ne consacrer à l'activité que le temps utile en fonction de l'implication des élèves.

Une fois que les élèves sont plus habitués au parcours individuel, on peut aussi choisir de travailler une activité avec la moitié d'une classe pendant que les autres sont en autonomie et ensuite inverser les groupes.

J'ai appliqué cette approche pour une petite séquence d'organisation de voyage en 5e (avant un voyage réel). Chaque moitié de la classe a travailler avec moi une offre différente : les lieux proposer à la visite, le logement, la restauration et les tarifs. En autonomie ils découvraient le vocabulaire général et les hauts-lieux de Londres. Ensuite, on a pu procéder en pair work à une confrontation des deux offres. Le magistral et la classe inversée combinés m'ont ouvert de nouvelles perspectives pour in fine créer une situation d'EOI.

Durée des séquences

Ca c'est facile. Autant que la séquence le nécessite.

Si on considère que le projet de la séquence n'a pas besoin d'être noté, on peut réduire la durée de certains projets à leur portion congrue et se laisser la possibilité de prendre plus de temps pour des séquences avec des projets complexes et motivants.