En ce début d'année, j'ai proposé une webquest à mes élèves qui soulève quelques questions pédagogiques pour l'année.
A l'occasion de la coupe du monde de rugby 2015, j'ai mis sur pied une webquest à destination de mes 3ème.
Deux pages de questions en anglais à répondre en anglais. A part ça, les consignes sont simples : débrouillez-vous. Ils ont accès à un petit site que j'ai concocté pour réunir les premières pises, mais ils ont surtout accès à tout Internet. A eux de savoir fouiller sur le web pour dégoter l'info.
Pour la recherche web ils ont fait preuve de mal de créativité et les astuces qu'ils emplois pour trouver les réponses sont nombreuses et variées. Il n'est pas simple par contre des les partager. Lorsqu'on leur demande d'expliquer aux autres comment ils ont fait, lors d'une petite séance de mise en commun des pratiques, ils ont du mal à s'expliquer. Montrer au vidéo projecteur aide, mais c'est souvent fastidieux. Ca aussi ça s'apprend. Et si je veux qu'ils apprennent à collaborer, ils va falloir leur apprendre à échanger sur leurs manières de travailler. Le prof propose souvent sa manière de faire dans des phases de cours de méthodologie. Comment profiter de et partager les savoir-faires découverts par les élèves ?
Ils peuvent aussi, rien ne les y empêche, s'aider les uns les autres. Sur ce point, la collaboration est limitée. Une fois qu'ils se sont mis derrière un ordinateur avec un(e) ami(e) ils ont tendance à penser qu'aller voir ailleurs serait tricher. Pour eux la collaboration c'est tout ou rien. A part le camarade choisi au départ, tous les autres sont des concurrents. La meilleure façon de contrer ça est souvent de désigner une autre classe comme concurrente. Ca marche bien, mais comment faire pour que les élèves partent du principe que les autres sont une richesse ? Là, je lutte contre des principes scolaires très ancrés chez les élèves comme chez la plupart des collègues.
En deux séances en salle info avec accès, la plupart des 3èmes arrivent au bout des deux pages. Ils ont trouvé ça sympa et gérable. Comme c'est un sujet d'actualité qui ne revient que tous les quatre ans j'ai trouvé dommage que les 5èmes n'en profitent pas. Je me suis donc dit que je donnerai la webquest aux 5èmes aussi, en diminuant la difficulté évidemment. Évidemment ? Je n'ai pas trouvé simple de simplifier le questionnaire à dire vrai, j'avais l'impression d'en réduire l'intérêt, de priver en quelque sorte les élèves d'un accès au savoir, à la culture. Je me suis demandé si en voulant fournir un questionnaire simplifié, je ne fournissais pas plutôt un questionnaire au rabais. Alors j'ai opté pour la facilité : j'ai remis aux 5èmes un questionnaire difficile. Ils ont donc eu le même que les troisièmes. Après tout, ils ont accès à tout Internet aussi. Si leurs capacités ne sont pas les mêmes, alors mes attentes ne seront pas les mêmes, mais je n'ai pas de raisons de réduire aussi la difficulté leur a pas fait peur et et ils se sont pris au jeu. Il leur faut plus de temps qu'aux troisièmes pour comprendre et répondre, mais ils trouvent ! Libérés de l'obligation de tout faire, ils font ce qu'ils peuvent et font des choses bien plus complexes que ce que j'aurai cru pouvoir leur donner.
En décidant que ce n'était pas grave si tous les élèves faisaient pas la même chose, j'ai fait une croix sur une évaluation notée. En faisant une croix sur la note, je n'ai pas hésité à donner des choses très complexes quitte à ce qu'elles soient trop complexes. En donnant des choses complexes, j'ai incité les élèves à pousser plus loin leur travail. En d'autres termes, est-ce que la nécessité d'évaluer par la note ne nous pousse pas à limiter la difficulté de ce que l'on demande aux élèves ?
Je pense que la prochaine webquest que je donnerai aux 3èmes sera conçue pour des lycéens !